Après « Au-Delà » qui m’avait profondément déçue (c.f. Chronique du 29/01/2011), suis allée voir le nouvel opus de Maître Eastwood pleine d’entrain, la bande-annonce m’ayant laissée présager que son film précédent n’avait été qu’une petite erreur de parcours. And so …?
Et bien pour tout avouer, je ne suis pas du tout sortie transcendée par son « J. Edgar », qui avait pourtant toute la matière nécessaire pour en faire un film passionnant, à commencer par son casting de choix en la personne de L.DiCaprio, grand habitué à redonner vie à des personnages historiques.
J. Edgar Hoover, c’est 50 ans d’Histoire des States, l’homme qui fut le 1er Directeur du F.B.I., à la tête duquel il resta le temps record de 48 ans, qui a servi sous 8 présidents des Etats-Unis, parmi lesquels les mythiques Kennedy et Nixon, qui fit chanter nombre de personnalités et révolutionna le système d’investigation.
Mais plutôt que de s’attacher à l’Histoire, et à ce parcours fascinant que fut celui du boss du F.B.I., number one des espions, dont on ne saura sans doute jamais tous les secrets qu’il a emportés avec lui à sa mort, le grand Clint a préféré centrer son récit sur ses rapports à sa mère et à son fidèle adjoint.
On a ainsi d’un côté, une mère dominatrice et castratrice, obsédée par la réussite et la morale bien pensante, qui va enrôler son fils dans ses convictions quitte à ce qu’il se renie lui-même. On retiendra notamment la scène où elle lui raconte une histoire dans le seul but de lui faire comprendre qu’elle préfère un fils mort plutôt qu’homo. Et en contrepoint de cette mère dominante, on a un adjoint fasciné par son chef, au point de passer sa vie à ses côtés alors qu’il embrassait au départ une toute autre idée de carrière, et de rester dans l’ombre d’un amour qui n’a jamais été révélé au grand jour.
On a donc davantage l’impression d’assister à une sorte de « Brokeback Mountain » vs « Psychose« , grands paysages et horreur en moins, qu’au biopic d’un homme qui a marqué à jamais l’histoire politique, judiciaire et policière américaine. Rien n’est dit en effet des rapports parfois troubles qu’Hoover entretenait avec la Mafia, quelques suggestions seulement de ses chantages exercés auprès des politiques – Roosevelt en tête – et on perçoit assez peu à quel point il était raciste et homophobe, et pourtant sans grand doute homosexuel lui-même.
Seule sa guerre contre le communisme est réellement évoquée, il y avait pourtant tant d’autres choses à dire, peut être trop … Il est vrai qu’Eastwood a intitulé son film par le prénom J. Edgar, sans mentionner le nom de famille, il faut donc y voir le portrait d’un homme, et non d’une personnalité. Frustrant tout de même.
Heureusement, L.DiCaprio est comme toujours au top, souhaitons lui de remporter enfin l’Oscar du meilleur acteur qu’il mérite depuis tant d’années. Armie Hammer, vu auparavant dans le rôle des jumeaux Winklevoss de « The Social Network », est plutôt touchant dans le rôle de l’adjoint mais souffre d’un maquillage un peu too much quand il est vieilli, lui donnant l’air d’une statue du Musée Grévin ! Quant à Judi Dench et Naomi Watts, qui incarnent respectivement la mère de Hoover et sa secrétaire particulière, elles sont impeccables.
En résumé, malgré une réalisation soignée, des acteurs convaincants et un personnage central au destin fascinant, « J. Edgar » est pour moi une déception, un film long, parfois ennuyeux, où je finis par me demander si le bon vieux Clint n’aurait pas perdu sa magic touch. Espérons que sa version d’ « Une Etoile est Née« , avec de nouveau DiCaprio et la miss Beyoncé, le fasse revenir au niveau d’un « Impitoyable » ou « Million Dollar Baby ».
Ecrit par Leen -C